La formation continue a pour mission essentielle de répondre à des besoins – individuels ou collectifs – de compétences nouvelles ou mises à jour, dans le domaine professionnel ou personnel. Encore faut-il s'entendre sur ce dont l'on parle...
Si la formation professionnelle pure et dure est bien réglementée, c’est moins le cas pour la formation continue. Sous couvert d’y mettre un peu d’ordre et de clarté, la Confédération intervient – pour l’instant encore avec retenue – en déléguant à certaines organisations le soin de normer un tant soit peu l’activité des institutions de formation.
C’est en particulier le cas pour celles d’entre elles qui se soumettent à des normes de certification, qui mesurent la qualité et la transparence de l’offre.
Mais alors même que les normes sont justifiées par le fait de rendre facilement compréhensible ces offres de formation, on assiste à une montée en puissance d’un jargon dont seuls savent nous régaler certains intellectuels de la pédagogie. A l’instar de la polémique qui a agité il y a quelques mois nos voisins français avec le nouveau programme de cours pour les petites classes, verra-t-on se généraliser en Suisse des discours selon lesquels « nager » devient « traverser l’eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête dans un milieu aquatique profond standardisé » ? Ou un bête stylo qui devient « un outil scripteur » ?
« Réjouissons-nous, disait déjà Pierre Desproges il y a une trentaine d’années, nous vivons dans un siècle qui a résolu tous les vrais problèmes humains en appelant un chat un chien ».
La formation continue doit demeurer pragmatique, efficace et réactive face aux besoins exprimés. Le meilleur baromètre de son succès est et restera la satisfaction de sa clientèle. Pour le surplus, faisons confiance aux institutions qui ont à cœur la qualité de leurs offres, sans laquelle elles disparaîtront.
Et ne laissons personne transformer la « formation continue » en un « prolongement de l’évolution personnelle par l’acquisition ou le développement de compétences normées reconnues ». Sinon, on se cassera la figure. Pardon, on se déstructurera la paroi faciale par une accélération non maîtrisée en direction du parterre en revêtement bituminé…
Pierre Fellay, directeur de PERFORM.
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