(Cette chronique est parue la première fois dans le journal La Région Nord vaudois, le 18 septembre 2018)
Si le système de formation professionnelle initiale de notre pays est régulièrement cité en exemple, des points d’ombre se dessinent quant à son avenir. Et pour les éviter, il va falloir que tout le monde s’y mette : collectivités publiques, entreprises et… chacun-e de nous !
On rappelle souvent que l’une des premières forces du système helvétique réside – toujours – dans la formation professionnelle initiale. L’engagement dont font preuve les entreprises formatrices assure un lien très étroit entre la formation et les besoins des métiers en constante et rapide évolution. L’apprentissage favorise également une intégration rapide des jeunes, nettement moins touchés par le chômage en Suisse que chez nos voisins. Or, deux problèmes menacent cet édifice.
Tout d’abord, malgré les discours officiels qui se veulent rassurants, il est de plus en plus compliqué pour une petite entreprise de former un-e apprenti-e compte tenu du degré croissant d’exigences sociales et pédagogiques requises, qui n’ont plus de lien avec le métier que l’entreprise doit transmettre.
Ensuite, le système de formation est extrêmement rigide. Il faut plusieurs années pour faire reconnaître une formation à l’échelon fédéral, alors que de nouveaux métiers ne cessent de voir le jour tandis que d’autres sont voués à disparaître rapidement. La formation, à l’heure actuelle, ne suit pas le mouvement, et tout concourt à privilégier encore les sciences humaines, au détriment des sciences « dures » ou d’une voie d’apprentissage, dont les diplômé-e-s vont faire cruellement défaut.
Jusqu’à maintenant on partait de l’idée que la formation continue permettait de s’adapter aux changements. Mais voilà : à contrecourant de ce que défendent leurs associations faîtières, des entreprises semblent passablement réticentes à former leur personnel. Elles préfèrent engager la personne qui répondra immédiatement et le mieux possible à leur besoin. Mais en recrutant au sein de la concurrence, elles alimentent un cercle vicieux : raréfaction du personnel formé et exclusion de personnes qui auraient répondu aux attentes moyennant l’acquisition de quelques compétences complémentaires.
Les personnes qui travaillent ont aussi leur part de responsabilité, par exemple lorsqu’elles refusent une formation au motif que cela « ne sert qu’à la boîte », alors que le savoir qu’elles acquièrent les suivra tout au long de leur carrière professionnelle, même quand elles auront changé plusieurs fois d’entreprise.
En fin de compte, il s’agit comme souvent en Suisse d’un équilibre à trouver : se préoccuper de sa formation continue, encourager son personnel à se former, dans un système où l’État est un facilitateur et non un frein.
Pierre Fellay, directeur de PERFORM.
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